La capacité intellectuelle et l’irrationalité spirituelle

« Les Pharisiens et les Sadducéens abordèrent Jésus et pour l’éprouver, lui demandèrent de leur faire voir un signe venant du ciel. Jésus leur répondit : Le soir, vous dites : Il fera beau, car le ciel est rouge ; et le matin : Il y aura de l’orage aujourd’hui, car le ciel est d’un rouge sombre. Vous savez discerner l’aspect du ciel et vous ne pouvez discerner les signes des temps ! Une génération mauvaise et adultère recherche un signe ; il ne lui sera donné d’autre signe que celui de Jonas. Puis il les laissa et s’en alla » (Matthieu 16:1-4 SER).

Dans son livre Think (chapitre 4), John Piper note que les Juifs se servaient de ce qu’on appelle la logique aristotélicienne dans Matthieu 16:2.

  • Prémisse majeure : Le ciel rouge le soir annonce qu’il fera beau.
    Or…
  • Prémisse mineure : Le ciel est rouge ce soir.
    Donc…
  • Conclusion : Il fera beau.

Encore dans le verset suivant, nous en trouvons un autre exemple :

  • Prémisse majeure : Le ciel rouge le matin annonce qu’il fera mauvais.
    Or…
  • Prémisse mineure : Le ciel est rouge ce matin.
    Donc…
  • Conclusion : Il fera mauvais.

Jésus note avec approbation la capacité des gens—dans ce cas, les pharisiens et les sadducéens—de penser rationnellement et d’en tirer des conclusions justes : « Vous savez discerner l’aspect du ciel. » Mais il désapprouve leur incapacité de discerner les signes des temps. Il ne s’agit pas d’une incapacité mentale, mais d’une irrationalité quant aux réalités spirituelles. Les pharisiens et les sadducéens semblaient avoir des capacités rationnelles qui étaient normalement compétentes mais qui ne fonctionnaient pas pour les conduire à Jésus. Qu’est-ce qui ne va pas ? Pourquoi ne pouvaient-ils reconnaître la présence de Dieu en Christ ?

Jésus donne la réponse de cette question dans le verset 4 : « Une génération mauvaise et adultère recherche un signe ; il ne lui sera donné d’autre signe que celui de Jonas. » Jésus dit que les gens qui demandent d’autres signes sont mauvais et adultères. Pourquoi adultères ? Parce qu’au lieu d’aimer Dieu comme une épouse fidèle, leur cœur était attaché à d’autres dieux comme l’argent (Luc 16:14) et la louange des hommes (Matthieu 6:5).


Piper explique que c’est cela la raison pourquoi les pharisiens demandent un signe : Ils veulent donner l’impression qu’il n’y a pas assez de preuves que Jésus est le messie et qu’ils sont justifiés de ne pas le recevoir.


En réalité, ils ne le veulent pas. Ils sont dominés par un esprit adultère. Ils préfèrent d’autres sources de satisfaction à Jésus.

L’univers est rempli de preuves de la gloire de Dieu manifestée suprêmement dans la personne de Jésus-Christ. Comment se fait-il que des gens raisonnables ne le voient pas ? Ils ont d’autres loyautés. Ils sont une génération mauvaise et adultère. La séduction du péché (Hébreux 3:13) les aveugle de leur besoin du salut qui ne se trouve qu’en Jésus-Christ. Un cœur adultère et endurci les rend ignorants et obscurcit l’intelligence (Ephésiens 4:18). « Ils sont devenus durs d’entendement » (2 Corinthiens 3:14). Paul explique qu’ils « se sont égarés dans leurs pensées, et leur cœur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres » (Romains 1:21) parce que par leur impiété et injustice ils « retiennent injustement la vérité captive » (Romains 1:18). Intelligents et logiques dans d’autres domaines de la réalité, leur amour du péché les rend incapable de discerner les réalités spirituelles.

Comment pouvons-nous arriver à connaître la vérité ? Jésus nous donne la formule dans Jean 7:17,

Si quelqu’un veut faire sa volonté, il reconnaîtra si cet enseignement vient de Dieu, ou si mes paroles viennent de moi-même.

Le réveil et nos mort-nés

Quand nous considérons le besoin d’un réveil, nous devrons avouer que nous avons donné naissance à pas mal de mort-nés. En cherchant à faciliter la nouvelle naissance, à éviter les douleurs d’enfantement, les larmes et trop de tension sur les nouveaux-nés, nous nous sommes servis de formules qui ont produit des avortons plutôt que des enfants viables. Quand Paul a-t-il jamais conduit des gens dans une prière de repentance ? Le premier verbe de l’évangile est « Repentez-vous ! » (Marc 1:15). Nul pasteur ne peut le faire pour vous. Nul prédicateur ne peut confesser vos péchés à votre place. Vous avez à faire avec Dieu.

En conduisant des gens dans la prière de confession, nous avons court-circuité un processus saint qui doit avoir lieu dans la profondeur du cœur du pécheur pénitent. « Quand [le Saint-Esprit] sera venu, dit Jésus, il convaincra le monde de péché, de justice et de jugement » (Jean 16:8). Bien des gens sont dans l’église parce que l’on leur a promis la joie, la paix, l’amour, une meilleure vie, la résolution de tous leurs problèmes, mais ils n’ont jamais été convaincus de péché. Il ne se voient pas comme pécheurs que dans le sens général que « Nous sommes tous pécheurs », comme en Polynésie française, « Nous sommes tous croyants. » Ils ne se voient pas comme personnellement coupables devant un Dieu saint à qui chacun rendra compte pour des péchés qu’il a commis contre Sa Majesté.

Dans notre présentation de l’évangile, nous ne voulons pas mettre les gens mal à l’aise. Quel contraste avec la prédication de Paul devant le gouverneur Félix : « Mais, comme Paul discourait sur la justice, la maîtrise de soi et le jugement à venir, Félix, saisi de crainte, lui dit : Pour le moment, tu peux t’en aller ; quand j’en trouverai le temps, je te rappellerai » (Actes 24:25). La prédication de l’évangile n’a pas mis Félix à l’aise ; il était saisi de crainte !

On note que le message de Paul s’alignait avec l’œuvre du Saint-Esprit : le Saint-Esprit « convaincra le monde de péché, de justice et de jugement » ; « Paul discourait sur la justice, la maîtrise de soi et le jugement à venir. » C’est cette sorte de prédication qui permet au Saint-Esprit de convaincre les pécheurs de péché et de les conduire à une tristesse selon Dieu. Encore, Paul explique : « En effet, la tristesse selon Dieu produit une repentance (qui mène) au salut et que l’on ne regrette pas, tandis que la tristesse du monde produit la mort » (2 Corinthiens 7:10). C’est la conviction du péché qu’opère le Saint-Esprit qui produit la repentance. Des gens ne savent pas se repentir parce qu’ils n’ont pas été convaincus de péché. Ils n’ont pas été convaincus du péché parce que nous avons laissé à côté cette partie de l’évangile qui exposerait leur besoin de se repentir mais qui produirait en eux la vie éternelle. Ils ont machinalement répété après nous une prière de confession sans se rendre compte de leur culpabilité profonde et personnelle devant Dieu ; ils l’ont fait sans être attristés selon Dieu et sans arriver à « une repentance (qui mène) au salut ».

Dans son livre Les Réveils religieux, le grand évangéliste, Charles G. Finney, nous rappelle que la nouvelle naissance n’est pas produite par des formules magiques :

L’examen de vous-mêmes consiste à diriger vos regards sur votre vie, à considérer vos actions, à vous rappeler le passé pour en connaître le vrai caractère. Prenez vos péchés personnels un à un et considérez-les. Je ne dis pas que vous devez jeter un rapide coup d’œil sur votre vie passée, reconnaître qu’elle est remplie de péchés et demander pardon à Dieu, après une confession générale. Je dis qu’il faut prendre vos péchés un à un. Il ne serait pas mal de prendre une plume et du papier, et de les noter à mesure qu’ils se présentent à votre souvenir. Faites ce compte avec le même soin qu’un commerçant apporte à tenir sur ses livres ; et à mesure qu’un péché se présente à votre mémoire, ajoutez-le à votre liste. Des confessions générales ne serviront jamais à rien ; vos péchées ont été commis un à un ; et autant que vous pourrez les atteindre par le souvenir, vous devez en faire la revue et vous en repentir pareillement un à un (p. 27).

Si nous voulons voir un réveil, nous devons changer nos méthodes faciles et nos formules magiques qui ne font qu’accoucher des mort-nés. Le vrai réveil commencera avec la conversion des « croyants » et la résurrection de nos avortons.

Le réveil tarde, parce que…

Dans son livre Pour quand le réveil ?, Leonard Ravenhill donne des raisons pourquoi le réveil tarde. Voici quelques citations de son livre, du chapitre « Le réveil tarde, parce que… » :

Pourquoi le réveil tarde-t-il ? La réponse est simple, parce que l’évangélisation est devenue une affaire de gros sous…

Le réveil tarde, parce que l’Évangile a été déprécié… De nos jours, les évangélistes sont prêts à faire n’importe quoi, tant que cela pousse quelqu’un à s’approcher de l’autel. Ils demandent avec nonchalance : « Qui a besoin d’aide ? qui veut recevoir plus de puissance ? Qui veut marcher plus près du Seigneur ? » Une telle attitude déshonore le sang de Christ et équivaut à la prostitution, parce qu’elle est basée sur une foi facile sans repentir et sans l’abandon du péché.

Nous devons sanctifier l’autel, car l’autel est un endroit où l’on meurt. Que ceux qui ne veulent pas payer ce prix n’en parlent pas !

Le réveil tarde à cause de l’insouciance. À l’autel, on consacre trop peu de temps aux personnes qui s’approchent pour traiter des affaires éternelles…

Le réveil tarde à cause de la crainte. En tant qu’évangélistes, nous restons bouche cousue devant les fausses religions du notre siècle, comme si nous connaissions plus d’un nom par lequel les hommes puissent être sauvés…

…si, dans le Nouveau Testament, les chrétiens étaient lapidés et enduraient toutes sortes d’ignominies, comment se fait-il, dans la mesure où le péché et les pécheurs n’ont pas changé, que nous, prédicateurs, ne déclenchions plus les foudres de l’enfer ? Pourquoi demeurons-nous si glacialement réguliers, si extraordinairement nuls ? Nous pouvons voir des émeutes sans réveil. Mais, à la lumière de la Bible et de l’histoire de l’Église, où voyons-nous un réveil sans émeutes ?

Le réveil tarde parce que le sentiment d’urgence fait défaut dans la prière… Le facteur essentiel, unique même qui provoque ce retard dans le réveil du Saint-Esprit, c’est que l’on ne souffre plus l’agonie pour gagner des âmes. Nous substituons la propagande à la propagation. Quelle folie ! Le Nouveau Testament ajoute un précieux post-scriptum à l’histoire d’Élie dans Jacques 5.17 qui déclare : « il pria » ! Sans cette mention, forts du récit de l’Ancien Testament dans lequel nous aurions remarqué l’absence de toute allusion à la prière, nous nous serions exclamés : « Élie prophétisa ».

Finalement, le réveil tarde parce que nous usurpons la gloire de Dieu… Rejetons toute accolade charnelle, toutes les flatteries de la chaire [sic] ! N’exaltons plus : « mon programme radio », « mon église », « mes livres » ! Oh, ce défilé écœurant de la chair sur nos estrades : « Nous avons le grand privilège, etc…» …

Et Dieu dans tout cela ? Il n’en retire pas grand-chose ? Pourquoi alors, Dieu n’accomplit-Il pas sa promesse bénie, et pourtant terrible, de nous vomir de sa bouche ? Nous avons échoué. Nous sommes sales. Nous aimons les compliments des hommes. Nous « cherchons notre propre intérêt » (1 Corinthiens 10:24). « O Dieu, sors-nous de cette ornière et de cette fange ! Bénis-nous en nous brisant ! Le jugement doit commencer par nous, les prédicateurs ! »