« Si vous voulez voir des résultats rapides, la prédication de la Parole n’est pas forcément la meilleure formule. Si vous cherchez des résultats en termes de statistiques, chiffres et réponses visibles, il se peut qu’il y ait d’autres méthodes, d’autres programmes et d’autres moyens qui produisent plus rapidement. La question est de savoir s’ils produisent des chrétiens. » – Albert Mohler, Président, The Southern Baptist Theological Seminary, Louisville, Kentucky.
« Vingt mille personnes ont accepté Jésus ! » s’est-elle extasiée. La jeune femme me parlait d’un effort d’évangélisation qui a eu lieu dans un pays du Pacifique. Impliquée dans un ministère qui a participé à l’effort, elle me parlait avec beaucoup d’enthousiasme des ministères des danses polynésiennes et du smurf qui ont produit ces résultats extraordinaires. Un tel témoignage nous rappelle les paroles solennelles de Jean 2:23-25,
Pendant que Jésus était à Jérusalem, à la fête de Pâque, plusieurs crurent en son nom, à la vue des miracles qu’il faisait, mais Jésus ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous et parce qu’il n’avait pas besoin qu’on lui rende témoignage de quelqu’un; il savait de lui-même ce qui était dans l’homme.
La question de mandat
Le pasteur américain A. W. Tozer a dit dans son livre That Incredible Christian (Ce chrétien incroyable), publié en 1964, qu’il n’était pas surprenant que le pays qui avait donné au monde le café instantané lui donne également le christianisme instantané. Le mandat qu’a donné Christ aux disciples… n’est pas achevé quand nous avons chanté un chant, dansé une danse ou même prié une prière.Nous parlons de décisions pour Christ ou d’accepter Christ comme si notre mandat était d’amener des gens à une décision ou de les conduire dans une prière. C’est trop souvent le « quick fix » qui manque de profondeur et qui rend plus difficile l’accomplissement de l’objectif parce qu’il sert d’inoculation contre la transformation qu’a mandatée Christ. Le mandat qu’a donné Christ aux disciples était de faire d’autrui ce qu’ils étaient eux-mêmes : des disciples. Ce n’était pas quelque chose d’instantané. Jésus nous a ordonné de « faire des disciples » (Matthieu 28:18-20). La tâche de « leur enseigner à obéir à tout ce que je vous ai commandé » fait partie de cette formation de disciple, car « tout disciple accompli sera comme son maître » (Luc 6:40). L’objectif n’est donc pas achevé quand nous avons chanté un chant, dansé une danse ou même prié une prière.
La question de méthode et de message
Le mandat détermine la méthode. Si notre objectif est d’attirer le plus grand nombre, la présentation d’un spectacle serait peut-être idéale. Pourtant, nous ne devrions pas oublier ce que nous disent les spécialistes de la communication : « La méthode est le message. » Une méthode inconvenable peut bien obscurcir le message que nous voulons transmettre et nous faire rater notre mandat de faire des disciples. En regardant nos spectacles, la réponse de bien des spectateurs est tout simplement : « Cool ! » Quel contraste avec l’œuvre du Saint-Esprit ! Jésus a dit que le Saint-Esprit convaincrait « le monde de péché, de justice et de jugement » (Jean 16:8). Cette conviction de péché s’exprime par « la tristesse selon Dieu [qui] produit une repentance (qui mène) au salut » (2 Corinthiens 7:10), une expérience que trop de « chrétiens » n’ont malheureusement pas faite.
Le péril des méthodes mal adaptées
Paul refusait de se servir de méthodes mal adaptées à l’évangile. Les Corinthiens, à 69 km d’Athènes, étaient fiers de leur héritage, de leurs philosophes (par exemple, Aristote, Platon et Socrate), de leur « sagesse », de leur art oratoire… autrement dit, tout ce qui constituait leur culture. Bien d’entre eux méprisaient la présentation de Paul et auraient préféré qu’il soit plus éloquent, plus adapté à leur contexte. De sa part, Paul leur répond : « Pour moi, frères, lorsque je suis allé chez vous, ce n’est pas avec une supériorité de langage ou de sagesse que je suis allé vous annoncer le témoignage de Dieu » (1 Corinthiens 2:1). Il a refusé de se servir de « la sagesse du langage, afin que la croix du Christ ne soit pas rendue vaine » (1 Corinthiens 1:17). Il dit, en effet, que s’il s’était servi de l’éloquence qu’attendaient les Corinthiens, la croix de Christ aurait été rendue vaine. « Les Juifs demandent des miracles, et les Grecs cherchent la sagesse » dit-il (1:22). Il aurait pu être plus sympathique à leurs sensibilités culturelles. Il aurait pu modifier son approche pour être plus « seeker friendly », mais en pleine connaissance de cause il déclare : « nous, nous prêchons Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens » (1:23).
On cite souvent 1 Corinthiens 9:22 pour justifier toute approche : «Je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver de toute manière quelques-uns. » Dans le contexte de ce chapitre 9, Paul dit qu’il n’a pas usé de ses droits d’apôtre parce qu’il ne voulait pas que ses droits deviennent un empêchement au progrès de l’évangile. Au contraire, il s’est « rendu serviteur de tous afin de gagner le plus grand nombre » (9:19). Il était comme Juif avec les Juifs, comme sous la loi avec ceux qui sont sous la loi, comme sans loi avec ceux qui sont sans loi et faible avec les faibles afin de les gagner. Pourtant, l’identification n’était pas totale car il a ajouté qu’il n’était ni sous la loi ni sans la loi car il était sous la loi de Christ (9:20-22). Donc, dans son désir d’identifier avec ceux qu’il voulait gagner, Paul devait respecter certaines limites pour que l’évangile ne soit pas compromis. Nous serions en erreur d’interpréter ce passage de façon qui contredise ce qu’il avait déjà dit dans le chapitre 2 :
Pour moi, frères, lorsque je suis allé chez vous, ce n’est pas avec une supériorité de langage ou de sagesse que je suis allé vous annoncer le témoignage de Dieu. Car je n’ai pas jugé bon de savoir autre chose parmi vous, sinon Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. …ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d’Esprit et de puissance, afin que votre foi ne soit pas (fondée) sur la sagesse des hommes mais sur la puissance de Dieu (1 Corinthiens 2:1-5)
La dernière phrase, « afin que votre foi ne soit pas (fondée) sur la sagesse des hommes mais sur la puissance de Dieu », indique que la méthode porte des conséquences. Combien de nos « convertis » ont fait une confession de foi fondée sur notre sagesse, nos méthodes, nos danses, etc., plutôt que sur la puissance de Dieu ? C’est pourquoi Paul nous donne l’avertissement solennel : « Selon la grâce de Dieu qui m’a été donnée, comme un sage architecte, j’ai posé le fondement et un autre bâtit dessus. Mais que chacun prenne garde à la manière dont il bâtit dessus… car le Jour la (l’œuvre) fera connaître, parce qu’elle se révélera dans le feu, et le feu éprouvera de quelle nature est l’oeuvre de chacun » (1 Corinthiens 3:10, 13).
Dans ces derniers jours quand la vraie mission de l’église est trop souvent perdue de vue parmi toute une panoplie de méthodes qui obscurcissent le message de l’évangile, nous devons être clairs concernant notre mandat de faire des disciples, le message de la croix et la méthode de communiquer de l’évangile. Paul nous l’annonce sans ambages : « Car Christ ne m’a pas envoyé pour baptiser, mais pour annoncer l’Évangile, et cela sans la sagesse du langage, afin que la croix du Christ ne soit pas rendue vaine… Car puisque le monde, avec sa sagesse, n’a pas connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication » (1 Corinthiens 1:17, 21).
Le mandat de faire des disciples ne peut pas être rempli sans la prédication fidèle, régulière et systématique de la Parole de Dieu.
Nous ne nous faisons pas d’illusions, comme si un seul prêche pouvait faire des disciples, mais le mandat de faire des disciples ne peut pas être rempli sans la prédication fidèle, régulière et systématique de la Parole de Dieu. Paul nous montre le chemin : « prêche la parole, insiste en toute occasion, favorable ou non, convaincs, reprends, exhorte, avec toute patience et en instruisant » (2 Timothée 4:2). Comme dit le pasteur Mohler, d’autres méthodes peuvent attirer des foules, mais la question est de savoir si elles produisent des chrétiens.