Quand nous considérons le besoin d’un réveil, nous devrons avouer que nous avons donné naissance à pas mal de mort-nés. En cherchant à faciliter la nouvelle naissance, à éviter les douleurs d’enfantement, les larmes et trop de tension sur les nouveaux-nés, nous nous sommes servis de formules qui ont produit des avortons plutôt que des enfants viables. Quand Paul a-t-il jamais conduit des gens dans une prière de repentance ? Le premier verbe de l’évangile est « Repentez-vous ! » (Marc 1:15). Nul pasteur ne peut le faire pour vous. Nul prédicateur ne peut confesser vos péchés à votre place. Vous avez à faire avec Dieu.
En conduisant des gens dans la prière de confession, nous avons court-circuité un processus saint qui doit avoir lieu dans la profondeur du cœur du pécheur pénitent. « Quand [le Saint-Esprit] sera venu, dit Jésus, il convaincra le monde de péché, de justice et de jugement » (Jean 16:8). Bien des gens sont dans l’église parce que l’on leur a promis la joie, la paix, l’amour, une meilleure vie, la résolution de tous leurs problèmes, mais ils n’ont jamais été convaincus de péché. Il ne se voient pas comme pécheurs que dans le sens général que « Nous sommes tous pécheurs », comme en Polynésie française, « Nous sommes tous croyants. » Ils ne se voient pas comme personnellement coupables devant un Dieu saint à qui chacun rendra compte pour des péchés qu’il a commis contre Sa Majesté.
Dans notre présentation de l’évangile, nous ne voulons pas mettre les gens mal à l’aise. Quel contraste avec la prédication de Paul devant le gouverneur Félix : « Mais, comme Paul discourait sur la justice, la maîtrise de soi et le jugement à venir, Félix, saisi de crainte, lui dit : Pour le moment, tu peux t’en aller ; quand j’en trouverai le temps, je te rappellerai » (Actes 24:25). La prédication de l’évangile n’a pas mis Félix à l’aise ; il était saisi de crainte !
On note que le message de Paul s’alignait avec l’œuvre du Saint-Esprit : le Saint-Esprit « convaincra le monde de péché, de justice et de jugement » ; « Paul discourait sur la justice, la maîtrise de soi et le jugement à venir. » C’est cette sorte de prédication qui permet au Saint-Esprit de convaincre les pécheurs de péché et de les conduire à une tristesse selon Dieu. Encore, Paul explique : « En effet, la tristesse selon Dieu produit une repentance (qui mène) au salut et que l’on ne regrette pas, tandis que la tristesse du monde produit la mort » (2 Corinthiens 7:10). C’est la conviction du péché qu’opère le Saint-Esprit qui produit la repentance. Des gens ne savent pas se repentir parce qu’ils n’ont pas été convaincus de péché. Ils n’ont pas été convaincus du péché parce que nous avons laissé à côté cette partie de l’évangile qui exposerait leur besoin de se repentir mais qui produirait en eux la vie éternelle. Ils ont machinalement répété après nous une prière de confession sans se rendre compte de leur culpabilité profonde et personnelle devant Dieu ; ils l’ont fait sans être attristés selon Dieu et sans arriver à « une repentance (qui mène) au salut ».
Dans son livre Les Réveils religieux, le grand évangéliste, Charles G. Finney, nous rappelle que la nouvelle naissance n’est pas produite par des formules magiques :
L’examen de vous-mêmes consiste à diriger vos regards sur votre vie, à considérer vos actions, à vous rappeler le passé pour en connaître le vrai caractère. Prenez vos péchés personnels un à un et considérez-les. Je ne dis pas que vous devez jeter un rapide coup d’œil sur votre vie passée, reconnaître qu’elle est remplie de péchés et demander pardon à Dieu, après une confession générale. Je dis qu’il faut prendre vos péchés un à un. Il ne serait pas mal de prendre une plume et du papier, et de les noter à mesure qu’ils se présentent à votre souvenir. Faites ce compte avec le même soin qu’un commerçant apporte à tenir sur ses livres ; et à mesure qu’un péché se présente à votre mémoire, ajoutez-le à votre liste. Des confessions générales ne serviront jamais à rien ; vos péchées ont été commis un à un ; et autant que vous pourrez les atteindre par le souvenir, vous devez en faire la revue et vous en repentir pareillement un à un (p. 27).
Si nous voulons voir un réveil, nous devons changer nos méthodes faciles et nos formules magiques qui ne font qu’accoucher des mort-nés. Le vrai réveil commencera avec la conversion des « croyants » et la résurrection de nos avortons.