La délivrance dans le Nouveau Testament, une analyse brève

Un frère m’a posé la question suivante :

À quoi sert le don de chasser les démons, s’il suffit d’être né de nouveau ? Pour les non croyants, avant de donner la vie à Jésus, quand et à quel moment ce don serait-il utile ? 

Je vous remercie, frère, du contenu et de l’esprit de votre réponse. Votre question m’a poussé à chercher les occurrences des termes démon, possédé, esprit mauvais/impur dans le Nouveau Testament en grec. De loin l’emploi le plus fréquent se trouve dans les évangiles pendant le ministère terrestre de Jésus. Si j’ai bien trouvé toutes les références, 81 pour cent des références (92/113) sont situés dans la vie terrestre de Christ : 

 

Possession
(δαιμονίζομαι)

Démon(s)
(δαιμόνια)

Esprit(s) impur(s)
(ἀκάθαρτον πνεῦμα)

Esprit(s) mauvais
(τὸ πνεῦμα τὸ πονηρόν)

TOTALE

Matthieu

7

11

2

2

22

Marc

4

13

12

29

Luc

1

23

6

4

34

Jean

1

6

 

 

7

Actes

(cf. 17:18)

2

4

6

1 Corinthiens

4

4

Éphésiens

1

1

1 Timothée

1

1

Jacques

1

1

Apocalypse

 

3

4

 

7

TOTALE

13

63

26

11

113

(Je donne les références à la fin de cette réponse.) 

Dans les Actes, plusieurs Samaritains ont été délivrés de mauvais esprits (Actes 8:17). À Éphèse, plusieurs ont été délivrés par des « miracles extraordinaires » que Dieu faisait par « les mains de Paul » (19:11-12). Il y a encore trois références dans l’exorcisme raté par les sept fils d’un certain Scéva (19:13-16).

Un autre passage des Actes qui ne mentionne pas de démons mais qui nous enseigne est le suivant :

Actes 19:18-19 NEG Plusieurs de ceux qui avaient cru venaient confesser et déclarer ce qu’ils avaient fait. 19 Et un certain nombre de ceux qui avaient exercé les arts magiques, ayant apporté leurs livres, les brûlèrent devant tout le monde : on en estima la valeur à cinquante mille pièces d’argent.

Bien que les versets précédents (19:12-16) aient à faire avec des exorcismes, il n’y a aucune indication que ces croyants avaient besoin d’un ministère de délivrance. Ils ont simplement confessé et déclaré ce qu’ils avaient fait, puis ils ont apporté leurs livres de magie et les ont brûlés devant tout le monde.

Dans 1 Corinthiens, Paul fait quatre références aux démons en deux versets successifs. Malgré tous les problèmes dans l’église à Corinthe, Paul n’indique pas que les chrétiens puissent être possédés ; il démontre l’incompatibilité de la vie chrétienne avec l’idolâtrie : manger avec des amis dans un temple païen est synonyme avec la communion avec des démons : « je ne veux pas que vous soyez en communion avec les démons” (10:20-21).

Vous pouvez tracer toutes les références du Nouveau Testament pour trouver il n’existe aucun cas d’un croyant, né de nouveau, qui avait besoin d’être délivré d’une possession démoniaque.

À quoi sert le don de chasser les démons, s’il suffit d’être né de nouveau ?

D’abord, « le don de chasser les démons » n’est pas mentionné dans le Nouveau Testament. Il existe le discernement des esprits (1 Corinthiens 12:10), sujet de diverses interprétations. Il s’agit probablement d’une reconnaissance de la source d’une action, attitude ou aspiration chez un individu. Cette source peut être l’Esprit de Dieu, l’esprit humain (de l’individu lui-même) ou un esprit mauvais.

C’est plutôt dans les évangiles que nous lisons que Jésus donna aux apôtres le pouvoir de chasser des démons (Matthieu 10:1). Il y avait aussi un homme qui chassait des démons au nom de Jésus qui ne faisait pas partie des apôtres (Marc 9:38).

Dans les Actes, les apôtres ont « guéri » des « gens qui ont été tourmenté par des esprits impurs » (Actes 5:16). Philip n’était pas un apôtre, mais beaucoup de Samaritains ont été délivrés sous son ministère. Quand les apôtres Pierre et Jean sont arrivés, ils n’ont pas imposé des mains pour chasser des démons mais pour que ces croyants reçoivent le Saint-Esprit (ce qui démontre que l’œuvre du Saint-Esprit n’est pas limitée à la conversion du pécheur). Les apôtres n’ont jamais exercé un ministère de délivrance vis-à-vis les croyants. Ceux qui ont été délivrés sont normalement devenus croyants par la suite de leur délivrance.

Ce que nous constatons dans le Nouveau Testament, c’est que la délivrance était exercé à la frontière de l’évangélisation, et dans le ministère de Jésus et dans le ministère de l’église naissante (Actes 5:16) et dans l’expansion de l’église dans des territoires païens (Actes 8:17 ; 19:11-12), pas parmi les croyants.

Notons également que ni la délivrance ni la guérison n’est forcément identique avec le salut. Au sujet de la guérison, Jésus a souvent guéri des gens qui n’ont pas répondu convenablement. Un seul lépreux des dix que Jésus avait guéris était reconnaissant (Luc 17:11-19). L’homme qui avait été boiteux pendant 38 ans s’intéresser plus à se sauver la peau que de suivre Jésus (Jean 5:1-15). Jésus semble indiquer dans que la délivrance n’implique pas nécessairement le salut. Si une personne est délivrée mais qu’elle ne suive pas le Seigneur Jésus, « la dernière condition de cet homme est pire que la première » (Luc 11:26 NEG). Par contre, le démoniaque des Géraséniens « priait Jésus de le laisser rester avec lui » et il « publia par toute la ville tout ce que Jésus avait fait pour lui » (Luc 8:39 NEG).

En réponse, donc, à la question, « Pour les non croyants, avant de donner la vie à Jésus, quand et à quel moment ce don serait-il utile ? », je répondrais que la délivrance donne en quelque sorte le « bon sens » (Luc 8:35) pour pouvoir répondre à l’appel du salut.

L’exorcisme biblique était plutôt rare par rapport avec les multitudes de ceux qui ont été guéris et de ceux qui sont devenus croyants. La possession démoniaque est assez restreinte en nombres par rapport à la population des non croyants.

Paul donne une liste de personnes qui n’hériteront pas le royaume de Dieu. Nous serions tentés de dire que quelques-uns de ces personnes étaient possédées. Paul ne le dit pas. Il indique tout simplement la condition de ceux qui sont sauvés : ils ont été lavés, sanctifiés et justifiés. Pas possédés.

1 Corinthiens 6:9-11 NEG Ne savez-vous pas que les injustes n’hériteront point le royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas : ni les débauchés, ni les idolâtres, ni les adultères, 10 ni les efféminés, ni les homosexuels, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les ravisseurs, n’hériteront le royaume de Dieu. 11 Et c’est là ce que vous étiez, quelques-uns d’entre vous. Mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ, et par l’Esprit de notre Dieu.

Ça, c’est l’évangile.

Voir aussi : 

RÉFÉRENCES

  • Matt. 4:24; 7:22; 8:16, 28, 33; 9:32, 33, 34; 10:1, 8; 11:18; 12:22, 24, 27, 28, 43, 45; 15:22; 17:18;
  • Marc 1:23, 26, 27, 32, 34, 39; 3:11, 15, 22, 30; 5:2, 8, 13, 15, 16, 18; 6:7, 13; 7:25, 26, 29, 30; 9:25, 38; 16:9, 17;
  • Luc 4:33, 35, 36, 41; 6:17; 7:21, 33; 8:2, 27, 29, 30, 33, 35, 36, 38; 9:1, 42, 49; 10:17; 11:13, 14, 15, 18, 19, 20, 24, 26; 13:32;
  • Jean 7:20; 8:48, 49, 52; 10:20, 21;
  • Actes 5:16; 8:7; 17:18; 19:12, 13, 15, 16;
  • 1 Co. 10:20, 21;
  • Eph. 6:12;
  • 1 Tim. 4:1;
  • Jas. 2:19;
  • Apo. 9:20; 16:13, 14; 18:2

5 réflexions sur “La délivrance dans le Nouveau Testament, une analyse brève

  1. Matthieu Le Huche

    Complètement d’accord. Cela me fait plaisir de voir que votre article confirme ce que j’ai dis à une sœur qui étant convertie me dit avoir besoin de délivrance à cause des « malédictions » qu’il y aurait sur sa vie du fait de sa vie passée. Je lui ai cité en particulier Actes 19 où l’on ne voit absolument pas de délivrance nécessaire lorsque la repentance est réelle alors la foi en la puissance de DIEU en JÉSUS CHRIST notre Seigneur est le moyen de rendre réel la vérité de la Parole de DIEU.

    « L’enchantement ne peut rien contre Jacob, ni la divination contre Israël » (Nb. 23.23)

    Croyons nous que si le DIEU de Jacob disait ceci pour les hébreux à combien plus forte raison en JÉSUS CHRIST en qui toute choses sont nouvelles, la mer rouge est franchie et toutes choses sont nouvelles et alors toutes ces choses ne peuvent pas nous nuire !

  2. Bonjour à tous

    Je souffrais d’un mal de dos terrible au point de trouver difficilement le sommeil ; j’étais perplexe car je ne voyais pas du tout de cause probable… Puis au fil des jours, je dus me tenir légèrement courbée. Une nuit dans l’insomnie et la douleur, j’ai crié à Dieu et il m’a révélé que ma colonne vertébrale était tordue ( constaté au niveau des lombaires) parce que j’avais éprouvé un sentiment de peur lorsqu’un marabout, distribuant des tracts de pub pour son business, m’en avait tendu un. Au matin, j’ai raconté ceci au pasteur de « mon » assemblée qui m’a conseillé de demander pardon au Seigneur pour la peur éprouvée. C’est ce que j’ai fait et alors je me suis redressée instantanément en louant Dieu ! Pas d’autre démarche que celle-ci, gloire à Dieu. DVB

  3. Legerme Mvudi

    Très cher frère J. Gary Ellison bonjour, Je vous remercie pour votre article « La délivrance dans le Nouveau Testament, une analyse brève » qui, non seulement m’a beaucoup édifié, mais encore a suscité plusieurs interrogations en moi, que je vous livre ci-dessous en vue d’éclaircissements et de commentaires. Premièrement je voudrais savoir : Pourquoi ne trouve-t-on pas des cas d’exorcisme dans l’Ancien Testament ? Ou si vous voulez, pourquoi l’exorcisme n’as pas était pratiqué par les hommes de Dieu, tels que Moise, Elie, etc. dans l’Ancien Testament ? L’unique cas à ma connaissance d’exorcisme se trouve dans un livre deutérocanonique Tobie (Tb 8 :2) où le démon ne fut même pas chassé par la puissance du Saint-Esprit, mais plutôt au moyen du cœur et du foie pris dans un poisson que Tobie avait brûlé sur le brasier et l’encens, suivant les conseils de l’ange qui l’accompagnait.

    A mon avis, je pense situer la possession de la race humaine par les esprits impurs, à partir de Genèse 6. Nous ne pouvons pas croire qu’à l’époque de l’Ancien Testament les gens n’étaient pas possédés. Deuxièmement : Suivant vos recherches dans cet article, le taux de délivrance est très élevé chez les païens (les non-juifs) par rapport aux juifs. Mais ce qui me touche le plus c’est cette phrase, je vous cite : « La possession démoniaque est assez restreinte en nombre par rapport à la population des non croyants ». Ma préoccupation est la suivante : selon les statistiques (sans source connue mais souvent citée), mon pays la RDC est christianisé à 90%. Mais depuis plus de trois décennies les églises chrétiennes chez nous, particulièrement celles qui se déclarent du Mouvement des Eglises de Réveil, ne jurent plus que sur la délivrance. Cela draine en effet, pas mal des foules à l’heure actuelle surtout à cause des scènes de spectacle qui s’y offrent. En ce qui me concerne je n’ai pas de doute sur le ministère de délivrance, mais la question est celle de savoir quel est son impact aujourd’hui, sur un chrétien non affermi ou sur un chrétien mal ou pas encadré? Car on assiste ce dernier temps à des délivrances à répétition sur les mêmes personnes dites délivrées. Les gens courent les églises à la recherche de la vraie délivrance. N’y a-t-il pas là un retour en force des démons dans la vie de ces gens, étant devenus ainsi terrains propices à l’action de mauvais esprits? Actuellement le danger pour l’Eglise est que les croyants ne cherchent plus la connaissance des écritures. Les assemblées de leur coté aussi n’aident pas les croyants dans ce sens, donc ne jouant plus leur rôle d’enseigner la parole au peuple de Dieu, sauf quelques unes bien sûr. Ainsi les croyants préfèrent la facilité de « combattre » les démons sans la crainte de Dieu, suivant un système de combat spirituel. C’est comme qui dirait aujourd’hui, acheter des indulgences avec vos actions de grâce, de grosses dîmes et d’importantes offrandes, pour obtenir l’absolution de vos péchés et recevoir vos bénédictions. Merci pour vos commentaires. Meilleurs vœux de Noel et de Nouvel An 2015. LeGerme M.

    1. Bonjour, frère. Je vous remercie de votre réponse. Quand les Écritures passent sur un sujet en silence, nous ne pouvons être dogmatiques. Je donne, donc, mon opinion. Si nous ne trouvons pas de cas d’exorcismes dans l’Ancien Testament, c’est peut-être parce que c’était plutôt rare parmi le peuple de Dieu. Quand même, Jésus parle des Juifs qui faisaient des exorcismes :

      Matthieu 12:27 NEG Et si moi, je chasse les démons par Béelzébul, vos fils, par qui les chassent-ils? C’est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges.

      Luke mentionne également « quelques exorcistes juifs ambulants » (Actes 19:13 NEG).

      Concernant Genèse 6, le verset 4 indique qu’il y avait déjà des géants sur la terre avant l’union entre « les fils de Dieu » et « les filles des hommes » :

      Genèse 6:4 NEG Les géants étaient sur la terre en ces temps-là. Il en fut de même après que les fils de Dieu furent venus vers les filles des hommes, et qu’elles leur eurent donné des enfants: ce sont ces héros qui furent fameux dans l’antiquité.

      Je crois que vous avez bien discerné le problème des « scènes de spectacle » et les « délivrances à répétition sur les mêmes personnes dites délivrées ». Nous récoltons ce que nous semons. Le « ministère de délivrance » engendre cette sorte de problème. Nous vivons par la foi, c’est-à-dire que nous vivons par ce que nous croyons. Si nous croyons que des démons sont responsables pour nos péchés, nous chercherons à blâmer les démons, esquiver nos responsabilités et attendre une délivrance miraculeuse au lieu d’obéir aux Écritures comme…

      Tite 2:12 BFC Elle (la grâce de Dieu) nous enseigne à renoncer à une mauvaise conduite et aux désirs terrestres, pour mener dans ce monde une vie raisonnable, juste et fidèle à Dieu.

      Romains 6:11 DRB De même vous aussi, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus.

      Comment faire ?

      Romains 6:14 DRB Car le péché ne dominera pas sur vous, parce que vous n’êtes pas sous la loi, mais sous la grâce.

      La grâce veut dire la force (que nous ne méritons pas) pour remporter la victoire. C’est pourquoi

      Hébreux 4:16 NEG Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus dans nos besoins. 

      C’est l’évangile. Le soi-disant « ministère de délivrance » laisse les gens liés par un faux évangile. La vraie délivrance est quotidienne : c’est une relation avec Dieu que nous devons cultiver journellement dans la prière et l’étude de la Parole de Dieu.

      Que le Seigneur vous bénisse !

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